A propos de l'erreur fondamentale d'attribution
L’erreur fondamentale d’attribution est un concept utilisé en psychologie sociale mettant en lumière la tendance à responsabiliser totalement l’individu pour tout résultat sans tenir compte du contexte. Ainsi, selon cette approche, l’environnement et ses conséquences sont sous-estimés quant à expliquer ou justifier une action personnelle ou une décision. Avec l’erreur fondamentale d’attribution, l’être humain est considéré comme absolument libre puisque responsable de tout. Aucune contingence n’est déterminante dans ses actes. Tout dépend de lui…
Considérer l’individu comme responsable de tout est un point de vue extrême, voire absurde. Cette considération n’est cependant pas exceptionnelle, plus particulièrement lorsqu’il s’agit d’expliquer une anomalie commise. Dans tel cas, très souvent l’individu est placé au centre de l’erreur, le contexte se trouvant relégué en périphérie. L’erreur fondamentale d’attribution est ainsi un biais relativement courant si l’on considère qu’il est de nature réactive. Cette déformation cognitive a également un ancrage moral fort dans une société de plus en plus structurée par l’individualisme. Difficile alors, dans ces conditions, de dépasser le seul stade de la réaction se bornant à juger la personne sans évaluer la situation.
Evaluer et non juger en exploitant l'erreur fondamentale d'attribution
Dans les fonctions de contrôle et d’audit, l’erreur fondamentale d’attribution est à minimiser. En effet, les contrôleurs et les auditeurs ayant pour tâche d’apporter des solutions ou des axes d’amélioration relatifs à des dispositifs existants, la vision contextuelle leur est donc impérative. Juger un individu ne leur est d’aucun apport ; pire ceci déforme le réel quand il s’agit d’émettre des conclusions à partir de données factuelles. Envisageant ainsi l’erreur fondamentale d’attribution, la précaution est prise de s’écarter du jugement des personnes pour se concentrer sur l’évaluation des dispositifs. Cette réflexion cependant peut dépasser le seul champ déontologique pour s’inscrire dans une démarche pratique. En privilégiant le contexte à l’individu, il est possible de distinguer ce qui dépend de nous de ce qui n’est pas de notre ressort, pour finalement chercher à maîtriser ce qui nous appartient en laissant de côté ce qui nous échappe totalement. Pour illustrer cette approche, prenons l’exemple ci-après des entretiens menés lors des missions de contrôle ou d’audit.
Exploiter l'erreur fondamentale pour les entretiens de contrôle et d'audit
L’erreur fondamentale d’attribution est exploitable sous trois angles à propos des entretiens en contrôle ou en audit. Premièrement, nous identifions ce qui ne dépend pas de nous et qui finalement se rapporte directement à notre interlocuteur : son humeur, ses contraintes professionnelles, sa performance quant à répondre à nos questions. Ainsi, le contrôleur ou l’auditeur évite de se disperser en cherchant à modifier l’état d’esprit de la personne interviewée. Ce qui lui importe est d’obtenir les informations répondant aux objectifs de sa mission. Celles-ci ont la même valeur même si elles ne sont pas récoltées avec le sourire…
Deuxièmement, comme énoncé précédemment, les problématiques soulevées relèvent moins des choses elle-même que du jugement des personnes s’y trouvant confrontées. Dans le cas présent, il s’agit d’identifier ce qui dépend de nous pour créer les bonnes conditions de l’entretien. Le contrôleur ou l’auditeur se concentre ainsi sur le contexte et non sur la personne, orientant sa communication selon les repères suivants : donner du sens à l’entretien, mettre en confiance son interlocuteur, rythmer l’interview de façon appropriée, préparer en amont de ses échanges le contenu de ses questions.
Dernièrement, réfléchir à propos de ce qui dépend de nous est un moyen pour se fixer des limites afin que ne s’échappe pas ce qui nous appartient. Concernant les entretiens, trois d’entre elles sont incontournables : éviter tout propos ambigu, ne pas se justifier à la moindre réaction intempestive de notre interlocuteur, laisser à penser que l’on dérange en s’excusant d’être là.
Jean-François Caron - Président de la SAS FormaConseils
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