La performance avant la conformité pour mieux auditer

Avant de recommander, il importe pour l’audit de comprendre ce qui est, ceci quel que soit le sujet. A propos de la performance, l’audit doit en avoir une vision macro afin d’orienter ses travaux vers ce qui est contributeur de valeur au sein de son organisation. Sur un plan strictement financier, l’entreprise est performante si le rendement de ses activités est supérieur au coût des ressources nécessaires à leur réalisation, d’où la création de valeur. Ceci implique pour l’organisation de supporter des charges par nature opérationnelle, avec les coûts d’achat, de production et de distribution, mais également des frais financiers, en tenant compte des intérêts liés aux emprunts, sans oublier le coût des fonds propres. En effet, le capital social et les réserves n’appartiennent pas à l’entreprise mais à ses propriétaires. C’est la raison pour laquelle ils sont comptabilisés au passif du bilan. Même si les fonds propres n’induisent pas de charge comptable, ils n’en générèrent pas moins un coût économique à inclure dans la mesure de la performance.

L’audit interne souhaitant intégrer la performance de son entreprise dans ses travaux doit adapter son plan de missions en conséquence. Ses investigations viseront à s’assurer que les process audités permettent d’atteindre les objectifs à moindre coût, dans le respect de la réglementation. La conformité alors n’est plus la seule finalité des travaux de l’auditeur. Elle devient un point parmi d’autres à évaluer pour apprécier le caractère durable de la rentabilité produite par l’organisation. En outre, il existe différentes façons pour une entreprise d’être conforme, selon les arbitrages faits par ses dirigeants pour sécuriser réglementairement les activités. Jusqu’où aller en termes de conformité ? Faut-il tout contrôler ? Toute opération doit-elle être validée deux fois avant d’être engagée ? Est-il nécessaire d’interdire certains investissements à partir de considérations uniquement réglementaires ? Ou bien peut-on prendre des risques de non-conformité en espérant échapper au contrôle du régulateur ? La réponse est fonction de l’appétence des dirigeants sur le sujet. Premier cas de figure, ils adoptent une position à priori et inflexible, sans considérer l’activité. Ceci a le mérite de la clarté, mais cela peut conduire à des situations extrêmes, entre d’un côté le tout sécuritaire improductif et de l’autre un laxisme généralisé par trop incertain. Ou bien les dirigeants fixent un niveau de conformité fonction des performances attendues et de la façon de les atteindre, avec pour objectif le déploiement de contrôles appropriés pour le développement des activités. Les fonctions de contrôle de type compliance sont alors en première ligne pour déterminer des exigences appropriées au dynamisme des affaires. Puis l’audit évalue la pertinence des contrôles ainsi établis, les auditeurs se trouvant par conséquent associés à la création de valeur de leur entreprise une fois la conformité adossée à la performance.