1. Points généraux
La balance des paiements est un document statistique essentiel pour évaluer l’intégration et la position d’un pays au sein de l’économie mondiale. Cet état enregistre selon des techniques comptables l’ensemble des flux (réels, monétaires, financiers) réalisés entre les agents résidents d’un pays et les agents non-résidents. La notion de résidence ici n’est pas fonction de la nationalité, mais de l’ancrage territorial. Est considéré comme résident l’agent qui s’y trouve physiquement et y réalise ses opérations économiques pendant une durée d’au moins un an. Une filiale d’un groupe industriel américain et installée à Paris est un exemple d’un agent résident du point de vue de l’économie française. Par contre, une personne de nationalité française travaillant à l’étranger est identifiée comme non-résidente.
La balance des paiements agrège l’ensemble des échanges économiques sur une période donnée entre la Nation représentée par les agents résidents, et le reste du monde que sont les agents non-résidents). Cette agrégation n’est pas faite uniquement sous un angle transactionnel puisqu’elle résulte d’une comptabilité d’engagements qui dépasse le simple enregistrement des flux de trésorerie. Les créances et les dettes d’une économie nationale vis-à-vis du reste du monde sont ainsi une composante de la balance des paiements, ceci permettant de distinguer si un Etat est créancier ou débiteur à l’égard de ses partenaires étrangers.
Pour la France, la balance des paiements est établie par la Banque de France selon des normes édictées par le Fonds Monétaire International (FMI). Celles-ci sont strictes et à respecter par tous les pays pour des impératifs de comparabilité entre les Etats. Le commerce extérieur pour se développer a besoin de règles partagées par tous et mises en œuvre de façon identique. Concernant l’Union européenne, il existe un état consolidé intégrant l’ensemble des balances des paiements des pays de la zone euro. Cette consolidation permet au Système Européen des Banques Centrales (SEBC) de disposer d’une vision d’ensemble en matière d’échanges entre l’Union européenne et le reste du monde nécessaire pour adapter ensuite sa politique monétaire.
2. Construction de la balance des paiements
Les flux entre agents résidents d’un pays et non-résidents se traduisent par des entrées et des sorties de devises du territoire concerné. Une entrée est enregistrée au crédit de la balance des paiements, une sortie au débit. La contrepartie de ce flux est la nature de la transaction, c’est-à-dire l’opération réelle. Dans le cas d’une entrée de devise, la contrepartie peut être une exportation de biens, et une importation à propos d’une sortie. Les exportations sont essentiellement facturées dans la monnaie du pays exportateur. Le client étranger va ainsi payer sa facture avec des euros qu’il aura obtenu une fois converti sa monnaie nationale en devise européenne. L’exportateur encaissera des euros en provenance de l’extérieur. De la même façon, l’agent résident paie ses achats de l’étranger (les importations) en monnaie du pays d’où sont expédiés les biens concernés. Autrement dit, on vend en monnaie nationale au reste du monde et on achète en devise étrangère. Ceci oblige à mettre en place un système organisé pour que les monnaies soient échangeables entre elles et qu’ainsi les agents de nationalité différente puissent commercer ensembles.
La différence entre le total des entrées et des sorties de devises génère un solde. Si l’on s’en tient uniquement aux échanges commerciaux, ce solde peut être excédentaire si les exportations sont supérieures aux importations, ou à l’inverse déficitaire. Cependant, c’est un abus de langage que de dire d’une balance des paiements qu’elle est déséquilibrée. En effet, un solde commercial excédentaire produit une épargne, donc une ressource, qui ensuite est disponible pour les agents non-résidents. A contrario, une économie déficitaire en devises au titre de ses échanges commerciaux avec le reste du monde trouvera à financer son déficit auprès des agents non-résidents. L’écart entre les exportations et les importations est ainsi compensé par d’autres flux qui additionnés au solde commercial assurent l’équilibre de la balance des paiements.
La balance des paiements résulte de la somme de plusieurs composantes :
Le compte des transactions courantes, aussi dénommé balance commerciale, intègre les exportations et les importations de biens et de services, les rémunérations des salariés résidents reçus d’employeurs non résidents, les revenus perçus des investissements réalisés à l’étranger. Des transferts courants complètent le solde des transactions courantes, s’agissant pour l’essentiel de sommes versées au titre de la coopération internationale, ou bien encore de contributions payées à des organismes supranationaux.
Le compte de capital recense l’ensemble des flux relatifs aux actifs non financiers (acquisitions, cessions) entre les agents résidents et les non-résidents. S’ajoutent à ces mouvements les remises de dettes consenties par des créanciers du reste du monde à des agents résidents, et des aides à l’investissement reçues ou versées.
Le compte financier retrace l’ensemble des opérations financières relatives aux investissements directs (entrées et sorties de capitaux pour la création d’entités, le rachat ou la prise de participations), aux investissements en portefeuille (entrées et sorties de capitaux pour l’acquisition de titres dans une optique de placement), aux instruments dérivés. Le compte financier comprend également les prêts et emprunts entre les agents résidents et non-résidents, les crédits commerciaux, les flux relatifs aux réserves de change (stock de devises) et d’or. Lorsque le solde total des comptes de transaction et de capital est inférieur à 0, la Nation a un besoin de financement compte tenu que l’épargne domestique est insuffisante pour couvrir tous les besoins de l’économie. Les agents résidents doivent donc s’adresser aux non-résidents pour compléter leur financement, ou alors la banque centrale pioche dans les réserves de change. Le recours aux non-résidents et/ou aux réserves de change est constaté au travers du compte financier. La balance des paiements se trouve donc globalement équilibrée, les éventuels écarts entre comptes étant résorbés par le poste « Erreurs et omissions ».
Les réserves de change sont des avoirs à la disposition des autorités monétaires pour leur permettre de financer le déficit de la balance des paiements. Une hausse de ces avoirs est enregistrée au débit du compte financier, s’agissant ici d’une entrée nette globale de devises lorsque la balance commerciale et le compte de capital génèrent un solde total positif. A contrario, si le solde est négatif, la banque centrale puisera dans le stock de devises, d’où une sortie comptabilisée au crédit.
Les bailleurs de fonds sont attentifs au niveau des avoirs de réserve dont disposent les économies. Ces avoirs sont d’ailleurs exprimés en nombre de mois d’importations pour apprécier le risque pays. Si les réserves de change pour un Etat représentent au moins 8 mois d’importations, on estime que la position extérieure du pays en question est confortable. La situation est par contre considérée comme fragile lorsque le stock de devises n’est pas supérieur à 4 mois d’importations. Les capacités d’emprunt de l’économie concernée auprès des bailleurs de fonds s’en trouverait réduite.
3. Lecture de la balance des paiements
La lecture de la balance des paiements permet d’apprécier la compétitivité d’une économie à l’international. Le solde de la balance commerciale permet de savoir si un pays exporte plus qu’il n’importe, ou inversement. Le taux d’ouverture, soit le rapport entre exportations et importations, est un ratio intéressant pour analyser la capacité d’une économie à se tourner vers l’extérieur. S’agissant d’un ratio, cette analyse peut être faite dans le temps (évolution d’une période à l’autre) et dans l’espace (comparaison d’un territoire par rapport aux autres).
Concernant la France, le taux d’ouverture varie de façon suivante sur les dernières années :
Le taux étant inférieur à 100%, ceci signifie que la France est commercialement déficitaire avec le reste du monde, important plus que n’exportant. Néanmoins, on constate que depuis 2011 le taux d’ouverture ne cesse d’augmenter, ceci signifiant que les exportations progressent plus rapidement que les importations. Cette tendance est liée pour grande partie à une baisse de la facture énergétique.
Le degré d’ouverture d’une économie est également conditionné aux termes de l’échange, soit le rapport en prix moyen entre les exportations et les importations. Une diminution de la compétitivité-prix se traduit par une hausse des termes de l’échange, d’où une situation risquant de pénaliser le compte des transactions courantes.
La lecture de la balance des paiements permet également de savoir si une économie se finance à l’étranger pour couvrir tous ses besoins ou alors si elle est en position de mettre des fonds à la disposition des agents non-résidents. Ce constat est possible à partir du compte financier. S’agissant de la France, le compte financier arrêté à fin 2015 selon les données de l’Insee se présente de façon suivante :
On constate qu’en 2015, les « Autres investissements » représentatifs des prêts et emprunts entre résidents et non-résidents se traduisent par de fortes entées nettes de capitaux en France. Le compte financier nous indique que l’économie française est débitrice vis-à-vis de l’extérieur, ce qui n’est pas surprenant compte tenu du déficit de la balance commerciale.
4. Une petite conclusion
En synthétisant l’ensemble des flux réels, financiers, monétaires entre les agents résidents et les agents non-résidents, la balance des paiements est un document incontournable pour évaluer la compétitivité d’un pays. Elle est également indispensable pour identifier la position d’une économie au sein de l’environnement mondial, savoir si celle-ci est globalement débitrice ou créditrice à l’égard du reste du monde. Cette information ne présente pas qu’un intérêt comptable. La position extérieure d’une économie, donc d’un Etat, produit des effets politiques. Un pays particulièrement endetté sur un plan international perd un peu, voire parfois beaucoup, de sa souveraineté au profit de ses créanciers étrangers.
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